Santiago de Cuba, Camagüey, Ciego de Avilla

Vendredi 4 janvier 2013


Nous déjeunons avec un couple d'argentin rencontré la veille ...


... ensuite, c'est le moment de faire nos adieux à cette très belle ville.

Nous laissons Santiago de Cuba derrière nous, non sans un pincement au cœur. La ville, les gens, l’ambiance, tout nous a plu. Nous serions bien resté un jour de plus, mais nous devons être à Cienfuego le 5 janvier à 11h.  650 km à parcourir, c'est beaucoup, mais impossible de faire autrement, nous devons régler un détail administratif à propos de la voiture.  

Santiago de Cuba un passage incontournable pour ceux qui visiteront Cuba. 
Un guide de voyage bien connu parle de tracasseries causées par les constantes invites des jineteros (rabatteurs et prostitués) ... nous avons été abordé une seule fois, un garçon qui connaissait une bonne adresse pour acheter du rhum, face à notre désintérêt, il s'est effacé aussi rapidement qu'il était apparu ... soit dit en passant, il était charmant et parlait un très bon français. 




Nous aurions aimé descendre vers le sud et longer la côte jusqu'à Pilon à l'ouest via le parque Nacional de Turquino, mais après le passage de l'ouragan Sandy, la route n'est de toute façon plus praticable ... pas de regret.


On reprend la route avec l'intention de rouler jusqu'à Camagüey ou nous passerons la nuit. Aller plus loin ne serait pas raisonnable, cela nous obligerais à rouler de nuit, ce qui n'est évidemment pas conseillé et ce quel que soit le pays.



Nous quittons la ville en passant la place Antonio Maceo non loin de la gare des bus.


Statue équestre du lieutenant général Antonio Maceo, un indépendantiste cubain ayant participé à toutes les opérations contre le régime colonial espagnol  (oeuvre du sculpteur Alberto Lezcay), devant lui, 23 énormes machettes en acier.
Nous remontant vers Holguín pour ensuite bifurquer sur Las Tunas, à l'est.



Pont surplombant l'Embalse Protesta de Baraguá (réservoir d'eau) à 15 km au nord de la vile de Palma Soriano. L'endroit est très prisé par les pêcheurs.


Embalse Protesta de Baraguá, ce réservoir d'eau d'une surface 32,4 km2 contient 250 millions de mètres cubes d'eau (Barrage sur le Rio Cauto).

Les paysages traversés sont fabuleux.


Nous avons parcouru un peu plus de 200 km sur la Carretera Central, un petit stop s'impose.



Las Tunas (139.637 habitants)

Il est 14h, nous faisons juste une petite pause chez Don Pedro, autant dire que nous sommes les seuls étrangers. On s'installe sur une petite terrasse pour déguster la bière locale, un peu amère à notre goût. 






Camagüey (324.921 habitants)

Nous arrivons enfin à destination, Camagüey, la ville des jarres en argile (tinajones), troisième ville du pays après La Havane et Santiago de Cuba.

Le premier challenge est de trouver une place ou se garer, pas évident. Un parqueo Man nous a repéré, il nous fait signe et nous assure de garder un œil sur la voiture. 




Le parque Ignacio Agramonte avec en son centre une très belle statue équestre de cet héros de la guerre d'indépendance. 







Nous arrivons dans le centre historique chargé d’histoire, avec ses toits en argile, son cadre colonial, ses églises qui lui ont valu de rentrer au patrimoine de l’humanité fin 2008. 



Plaza del Carmen et la iglesia de Nuestra Señora del Carmen


Camagueyanos vaquant à ses occupations

En fin d’après midi une foule de jeunes et de moins jeunes s’adonnent à l’art du cerf volant, le sport favori des locaux. Les bobines de fil sont énormes, les cerfs volants sont à peine visibles tellement ils sont loin.



Le soleil a entamé sa descente, les couleurs s'adoucissent ... c'est très beau.


Malgré l’heure tardive, nous décidons de partir pour Ciego de Avilla à 108 km de Camagüey. Nous devrons parcourir une partie du trajet dans l’obscurité, nous roulerons lentement en redoublent de vigilance.

Rouler dans la nuit ne nous empêche pas de prendre des cubains.
Nous faisons une partie de la route avec une jeune fille qui rentre des ses cours, elle doit parcourir 50km pour rejoindre son domicile ... cela faisait plus d'une heure qu’elle attendait au bord de la route.





Le mystère de la bande des quatre et de la belle américaine.
A chaque jour ses histoires, celles des cubains que nous prenons le long des routes … mais ce soir, également la notre.
Quelques km après avoir déposé notre passagère, nous apercevons sur les bas cotés de la route une personne faisant des signes. Vu l'heure tardive, il est fort déconseillé de s’arrêter, mais on ne sait pour quelle raison, nous ralentissons pour finalement nous immobilier à hauteur de leur véhicule.

Au bord de la route, trois personnes très nerveuses, une dame et deux adolescents et puis un homme qu’on aperçoit à peine, à moitié couché dans la voiture, sur le siège conducteur.
La dame à la limite de l’hystérie, tout en nous suppliant de les aider se retourne vers l’homme en lui disant que nous sommes des touristes (?). Ce dernier se redresse légèrement mais reste dans la voiture. Aurait-il fait un malaise? Le capot du véhicule, une vieille américaine couleur rouille, est ouvert, la dame évoque une panne mécanique. Le jeune garçon, une petite vingtaine d’années, se tourne vers celle qui semble être sa mère, en lui disant que notre véhicule est bien trop petit pour les tracter, ce qui a pour effet de l’anéantir.
On ne sait comment les aider, lorsqu’on propose d’emmener les deux filles jusqu’à la prochaine ville située à une trentaine de kilomètres pour y chercher de l’aide, une discussion intense démarre entre le jeune homme et sa mère. 
Ils parlent de taxi, d’argent et qu’ils ne voient pas qui  pourrait les aider … surpris de leur refus, nous insistons, mais en vain.
La dame qui au départ nous suppliait de les aider semble subitement pressée de nous voir partir. Tout en nous remerciant, elle nous dit qu'ils préfèrent ne pas se séparer, ils vont rester sur place dans l’espoir qu’un autre véhicule s’arrête. On a beau insister, rien n'y fait ... au moment de démarrer elle nous remercie ... en portugais (?). Ce qui nous étonne tout autant, c’est que l’autre homme n’est jamais sorti de la voiture, ni participer à la discussion. Nous repartons avec une impression étrange, celle de les avoir abandonné, mais également le sentiment bizarre de ne rien y comprendre.

Un peu plus loin, nous nous arrêtons à un paladar, nous informons les gens sur place que des personnes sont bloquées non loin de là dans l’attente d’être dépanné. Ensuite nous continuons notre route non sans embarquer une jeune fille se rendant au chevet de sa sœur qui était sur le point d'accoucher par césarienne.


Ciego de Avilla

Arrivé à Ciego de Avilla, nous cherchons una casa particular … pas facile dans le noir, elles sont rares. Nous interpelons une dame prête à nous aider, quelques minutes plus tard nous arrivons chez Omar, propriétaire d’une maison plutôt chique. Il nous offre une chambre avec cuisine séparée et piscine pour 20 CUC et 2,5 CUC pour le petit déjeuner … quel bol!
Il est tard, nous cherchons un endroit ou manger … nous rentrons dans un restaurant cubain. Le problème des restaurants d’état c’est qu’il n’y a pas toujours ce qui est marqué sur la carte. Nous en avons souvent fait l’expérience, mais cette fois ci, ils font fort.
Pour boire, plus de bière ni de soda, juste de l’eau et pour manger, plus de poisson, plus de bœuf, plus de crustacé ni de scampis, juste du porc. Nous changeons d’auberge. L’Espadon, un peu plus loin, sa spécialité : les grillades et brochettes de tout genres. C’est également un restaurant d’état, et au risque de se répéter, tout ce qui est repris sur la carte n’est pas disponible ... mais on y trouve de quoi casser la croute  … adresse à oublier.

Attablés, notre attention est attirée par quatre personnes s’installant à une table voisine de la nôtre. Nous hésitons, nous avons l’impression de les connaître … s’agit-il de nos quatre hystériques rencontrés le long de la route? Patricia reconnaît le jeune homme, ensuite la jeune fille et l’homme aperçu dans la voiture, chauve et de stature imposante. Elle doute pour la dame qui  portait un bandeau dans les cheveux.
Elle croise leurs regards, ceux-ci l’ignorent. Elle ne comprend pas, tellement étonné qu’elle en reste bouche baie. Je les entends parler, ils s’expriment en anglais, l’homme affiche une certaine aisance. Le long de la route, notre connaissance de l’espagnol ne nous permettait pas de juger de la qualité de leur espagnol ... le merci en portugais était-il un lapsus révélateur?  Ils nous ignorent royalement et à posteriori, nous regrettons de ne pas les avoir interpellés.
Nous nous trompons peut être? c’est possible, c’est probablement la raison pour laquelle nous quittons le restaurant sans autre forme de procès.
Arrivé à hauteur de notre voiture garée sur le parque Central, nous bondissons à la vue de la belle américaine couleur rouille garée juste devant la nôtre … c’est donc bien eux?  Nous avons l’impression de vivre dans la quatrième dimension. On se regarde ébahis.
Nous décidons d’attendre et de guetter leur sortie … l’attente est longue car ils venaient juste de commander …  mais nous sommes motivé.
1h30 plus tard, les voici qu'ils sortent mais s’engouffrent presque aussitôt dans un bar voisin. On hésite, on aimerait rentrer mais il tard, nous devons regagner notre logement car nous n'avons pas les clés ... Omar attend notre retour, il est minuit passé.  
Nous ne les verrons jamais monter dans la belle américaine, le doute subsistera toujours.

Que faisait ces quatre personnes parlant anglais, dans une voiture immatriculée à Cuba,  se faisant passer pour des Cubains en panne sur la route ?
Si ce sont bien eux, nous sommes en droit de penser que nous avons peut être fait une mauvaise rencontre qui aurait pu mal finir. Mais pour une raison que nous ignorons, nous n’avions pas le bon profil.
Si par contre ce ne sont pas eux, alors nous faisons preuve d’une imagination débordante … pourtant, certains détails physiques ne trompent pas.
Nous rentrons contrarié, nous ne saurons jamais … on en parle tout au long de la route, et quelque chose me dit qu’on en parlera encore.